Cet article est la suite de Pouquoi je crée des patrons. Ici, je vous parle de « comment » je les fais.
Là, il s’agit de mon processus, pas nécessairement la façon de procéder des autres designers. Vous allez voir qu’il y a des étapes que j’aime beaucoup, que je trouve très stimulantes, et d’autres que je n’aime pas vraiment. Mais qui ne fait que ce qu’il aime dans son travail? Je les divise en 6 étapes:
1-L’idée, incluant quelques notes minimes, pour m’aider dans la future étape d’écriture, la ou les grille(s) si il y en a. Qu’est-ce qui est le départ? Ça varie d’un patron à l’autre. Parfois, c’est la laine. D’autres fois, c’est dans quelle technique ce sera fait, et d’autres fois, c’est l’idée de la « chose » que produira le patron. C’est une étape amusante et plaisante.
2-Le prototype que je tricote (ou parfois, les prototypes). C’est l’étape que j’aime le plus puisque je me trouve à tricoter quelque chose de complètement nouveau. Il y a assez souvent des ajustements par rapport à mes premières notes. Et je le fais parfois à la main, ou parfois directement sur le fichier du patron, si j’en ai commencé l’écriture. Pour moi, cette étape n’est que du bonheur!
Après ces 2 étapes, ce n’est qu’une création personnelle, et j’ai au moins la moitié de mes créations qui ne dépassent pas ces 2 étapes (article à venir sur le pourquoi), ou qui restent en réserve pour publication ultérieure. Parfois, je décide de ne pas aller de l’avant car je sais que l’écriture du patron sera trop difficile pour moi, ou trop difficile pour la plupart des tricoteurs/euses. Ou bien parfois, je ne vois pas comment je peux expliquer ça clairement. Ce sont les étapes suivantes qui en feront un patron qui sera disponible.
3-L’écriture du patron est une étape parfois fastidieuse, définitivement pas ma préférée, surtout pour les chandails qui demandent de nombreux calculs. Il est TRÈS rare, dans mon cas (mais ici je ne suis pas la seule), qu’il ne se glisse pas d’erreurs dans cette étape. Aussi, j’inclus la traduction anglaise dans cette étape. La plupart de mes patrons sont dans les deux langues. Je ne fais pas partie de ces jeunes designers qui écrivent d’abord en anglais, non, j’écris en français d’abord. Je ne suis pas parfaitement bilingue, donc ça aussi ce n’est pas très facile pour moi. Oui, je comprend aisément un patron en anglais, mais si il demande plus d’explications écrites, je travaille fort! Dans le cas d’accessoires, surtout les mitaines et les bas, dans mon cas, cette étape est beaucoup moins pire. J’appelle cette étape le vrai travail.
4-Le ou les tests est une étape que je n’ai pas toujours fait, je dois vous l’avouer. Mais, cette étape n’a pas toujours été faite de façon générale non plus, si je recule de plusieurs années. C’est une des choses dont je parlais (au sujet de mon sentiment de décalage): quand j’ai découvert que plusieurs faisaient tester, c’était déjà le cas depuis un certain temps. Et au début, j’ai eu de la difficulté à en trouver (des testeuses). Les premières étaient des élèves (une chance que j’enseigne!).
5-La revision se fait parfois par une ou des testeuse(s) pour ma part. Par exemple, quand j’ai mis à tester les patrons de Jolis Pieds no 2, j’avais une dizaine de testeuses qui faisaient des patrons qui avaient une base semblable. Ce qui n’était pas clair pour toutes est apparu de façon évidente. Le problème avec cette étape, c’est qu’une reviseuse se fait payer normalement, alors que les testeurs/euses sont des tricoteurs/euses de notre entourage qui le font gracieusement. J’ai tout juste commencé à payer une reviseuse (Julie Desjardins de ACCROchet) pour quelques uns de mes patrons de crochet car j’étais moins certaine de ceux-ci. Aussi, une amie méticuleuse (Lucie Drolet) m’a revisé quelques patrons de tricot…gracieusement. J’ai tellement apprécié!
Donc, vous l’avez compris, les étapes 4 et 5 sont faites généralement ensembles pour ma part.
6-La publication et la promotion. Je considère que je n’ai pas tous les outils pour faire une promotion efficace. Je vend de plus en plus de patrons, d’accord, mais parce que ça se parle! Vous êtes donc ma meilleure publicité! Aussi, étant donnée que j’ai beaucoup de patrons: ils finissent donc par circuler et emmener de l’intérêt à mes autres patrons.
Je suis une designer indépendante, c’est-à-dire que c’est moi qui m’occupe de toute la promotion, et aussi, que ma paye vient directement de vos achats de mes patrons. Il y plusieurs années, les designers n’avaient pas de noms. Ils étaient payés par une compagnie de laine ou une revue (il arrivait, parfois, que nous avions le nom dans une revue). Ceci existe encore. C’est pourquoi vous ne pouvez pas comparer les patrons des compagnies de laines qui sont souvent offerts gratuitement pour promouvoir leur laine. La designer a eu sa paye de la compagnie. Les designers indépendants dépendent (ah, c’est bizarre dit comme ça) entièrement de l’honnêteté des personnes qui achètent leurs patrons. C’est pourquoi nous insistons tellement sur les droits d’auteur. Ça peut vous sembler anodin de photocopier un patron et de le donner à un(e) ami(e), mais dites-vous que ça enlève quelque chose à quelqu’un qui a travaillé très fort.
Vous ne travailleriez pas pour rien vous hein?
J’irais même jusqu’à dire que si vous aimez le travail d’un(e) designer, vous l’aidez en achetant son patron, même si vous n’êtes pas sûre à 100% de faire le projet immédiatement. Et, pensez-y: 8$ pour un patron (mes patrons ne dépassent pas ce montant), franchement, ce n’est pas très cher pour encourager/aider, comparé à plein d’autres choses que nous pouvons payer pas mal plus cher que ça!
Dans mon prochain article sur le sujet, je vous expliquerai pourquoi je ne publie pas tout ce que je crée.
Si jamais vous demandiez « ils sont où ses patrons? ». Ils sont sur ravelry, comme pas mal toutes les patronnistes indépendant(e)s!
Article très sincère et tellement vrai. Bonne continuation, vos projets sont magnifiques!
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Merci beacoup Paula!
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Bonjour Isabelle…
J’aime beaucoup les ouvrages que vous réalisez…j’ai commencé à tricoter des mitaines norvégiennes suite à une visite sur le site de Pastelle, il y a environ 5 ans; depuis j’ai la piqûre…merci !
.j’aimerais en savoir plus sur les droits d’auteur pour les designer de patron de crochet ou tricot. Où puis je trouver de l’information ?
Merci…Lynda Poirier / Hemmingford, Québec
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Donc tu as vécu mon « déménagement » de blog? Hihi.
Pour les droits d’auteur, je ne connais pas de source officielle pour ça, mais je peux te dire en gros ce que je sais:
Il s’agit surtout de ne pas distribuer un patron que tu as payé à tes amies. Dirige-les vers le site, ou fait l’achat pour elle (si elle n’est vraiment pas à l’aise avec internet).
Si tu partages un patron gratuit, tu en gardes l’intégralité (avec les liens de site), ou si tu le modifies, tu écris « inspiré de… »
Pour ce qui est de vendre les articles que tu as fait avec un patron, tu as le droit: c’est toi qui l’a fait. Tant que tu ne dis pas que c’est toi qui l’a inventé. Hihi.
Si tu as d’autres questions plus pointues, ça me fera plaisir de te répondre en privé: tu n’as qu’à m’écrire tes question dans « contactez-moi » et ça va dans ma boîte courriel.
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